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24 septembre 2010 5 24 /09 /septembre /2010 19:50

      

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Me voilà en excellente compagnie aujourd'hui !

Je pars avec Annick et Karine pour une randonnée assez sportive à Sainte-Victoire, renouant ainsi avec une ancienne tradition de compagnie féminine, surtout lorsque je travaillais car ces dames sont nombreuses dans l'enseignement !

       Le départ n'est pas très matinal : il est dix heures dix-sept exactement lorsque nous partons du parking du pont d'En Chois (et non de l'Anchois comme le signale stupidement la carte IGN au 25000ème ; ce digne représentant des Clupeiformes n'a rien à voir ici, même s'il est probable que la mer a un jour baigné le bassin aixois, car "En Chois" signifie tout simplement "chez Chois", diminutif de François en provençal ! Faux sens lamentable de quelque obscur cartographe parisien...).

      Or donc, nous prenons immédiatement le sentier balisé en rouge qui conduit au refuge Cézanne. Là aussi, le nom est trompeur : Cézanne était en l'occurence le nom d'un président du Club Alpin ! Mais ici, ça tombe bien, car le célèbre peintre aixois qui s'est si souvent inspiré de la montagne emblématique s'y trouve donc automatiquement associé.

     Je suis lourdement chargé car je coltine une corde à double de 100 m en vue d'une descente en  rappel dans la Brèche des Moines. J'aurais pu prendre deux petites cordes légères de 40 m et charger une de mes comparses de la porter, mais je sais, ma galanterie me perdra !

     Il s'agit donc de démarrer doucement. Nous longeons une oliveraie récemment plantée qui semble déjà promettre une belle récolte. La vue sur Sainte-Victoire est magnifique d'ici : la face sud est impressionnante et la luminosité, comme souvent à cette époque de l'année et même en hiver, est exceptionnelle.

 

    Peu de temps après, nous abandonnons le sentier du refuge pour prendre le tracé brun, dit des "Corniches sud" qui traverse toute la face sud jusqu'à Saint-Ser près de Puyloubier. Pour ce qui nous concerne, nous n'irons pas jusque là. Peu avant le Col d'Untinos près duquel se trouve les restes d'un oppidum celto-ligure, nous abandonnons le tracé brun pour emprunter un balisage vert qui se dirige à gauche vers le pied des escarpements sud de la montagne. C'est le "Sentier Forcioli", du nom d'Antoine Forcioli, mort au Champ d'Honneur en 1917, qui avait découvert  ce passage en 1913.

     J'ai parcouru cet itinéraire quatorze fois, seul, entre amis, à la montée, à la descente et par presque tous les temps. J'y ai toujours pris autant de plaisir. Il est cependant relativement difficile, parfois exposé, et ne doit être parcouru que par des randonneurs aguerris, ou accompagnés par des gens expérimentés capables d'assurer quelques mauvais "pas". Le port du casque y est fortement recommandé et il est indispendable d'être convenablement chaussé.

      Mais mes amies ne sont pas des novices et je ne m'en fais pas trop à leur sujet !

 

      Cinq minutes après avoir quitté le tracé brun, nous nous trouvons au pied des rochers verticaux de la face sud. Une petite aiguille de cinq ou six mètres se détache de la paroi, formant deux cheminées à droite et à gauche : c'est l'Ecaille de Tortue, premier passage délicat, peut-être le plus difficile de ce parcours, que l'on surmonte par une des deux cheminées. C'est celle de gauche qui est la plus commode, bien que le rocher y soit plus patiné et c'est celle-là que nous allons gravir.

      Nous mettons nos casques et enfilons nos baudriers au cas où l'assurage s'avèrerait nécessaire et j'attaque le passage.

      Je le franchis rapidement car je le connais bien, mais c'est du III et  le poids du sac est un peu gênant et, à froid, je dois tout de même m'employer ! J'arrive ainsi sur une petite vire au-dessus de laquelle une broche à anneau permet d'assurer convenablement. Karine franchit elle aussi rapidement la petite cheminée, mais Annick est moins entraînée à l'escalade et je préfère lui envoyer un bout de corde. Ainsi assurée, elle nous rejoint elle aussi rapidement.

      Je replie la corde car la suite est plus facile et, au bout de la vire, un couloir-cheminée assez raide mais sans difficultés nous conduit à une nouvele traversée vers la gauche. Celle-ci est très facile mais exposée et un faux-pas est interdit car il entraînerait une chute verticale de plus de vingt mètres avec les conséquences qu'on préfère ne pas imaginer !

       Quelques éboulis ensuite, de petits ressauts faciles, et l'on atteint le deuxième passage délicat de l'ascension : une courte cheminée barrée par un petit surplomb. Pour être plus à l'aise, j'enlève mon sac à dos et l'attache à l'extrémité de ma corde. Je franchis ainsi rapidement ce passage, me "vache" à un spit placé au-dessus du surplomb et tire mon sac que je dépose à côté de moi. Karine me rejoint ensuite et m'attend un peu plus haut tandis qu'Annick s'encorde. Ainsi assurée, elle franchit aisément ce passage et nous poursuivons notre chemin, maintenant beaucoup plus facile. Les "manips" ont été rapidement effectuées et ne nous ont guère retardés.

       Une dernière cheminée, une petite dalle à franchir et bientôt nous rejoignons le tracé noir qui conduit aux crêtes par le Tunnel du Garagaï, appelé aussi Grotte du Vent ou Grotte des Hirondelles.

 

     Il faut maintenant remonter des pentes d'éboulis assez raides, mais une sente en rive droite permet de grimper sans trop de peine. Dans le haut du couloir, on repasse rive gauche, puis une traversée ascendante à gauche permet d'atteindre une petite rampe-cheminée oblique qui conduit à un couloir boisé par lequel, facilement, on débouche à l'entrée du Gouffre du Garagaï. Ce mot signifie d'ailleurs tout simplement "Gouffre" ; il s'agit donc d'un pléonasme !

     De là, on arrive rapidement au Tunnel du Garagaï que l'on remonte par des rochers faciles mais très patinés pour déboucher vingt mètres plus haut sur le versant nord de Sainte-Victoire. De là, nous suivons le GR 9 vers l'ouest et décidons de casser la croûte au pied de la Croix de Provence qui marque le sommet occidental de la montagne à 969 m d'altitude. Nous avons mis deux heures pour arriver ici ; nous n'avons pas "fait un temps" mais c'est correct !

      Il fait beau, même chaud en cette fin du mois de septembre et nous nous arrêtons un bon moment ; la descente ne sera pas très longue ! Il y a peu de monde aujourd'hui, quelques jeunes seulement, des étudiants sans doute qui viennent s'aérer au sommet de "La Sainte".

 

       Après le repas, nous descendons jusqu'au Prieuré où les"Amis de Sainte-Victoire" continuent de travailler à la restauration, l'aménagement et la mise en valeur de ces lieux. Ces gens-là font un travail considérable, bénévolement,  et méritent notre plus grand respect ; seuls les travaux les plus techniques sont réalisés par des professionnels. Le refuge, la chapelle, le puits et l'esplanade notamment ont été remarquablement restaurés et la propreté est exemplaire ! Pourvu que ça dure...

       J'émets cependant quelques réserves sur la façon dont a été aménagé l'accès à la Brèche proprement dite. Si l'idée de restaurer l'ancien escalier qui conduisait au "Jardin des Moines", une trentaine de mètres sous la Brèche en pleine face sud, est excellente, je trouve les passerelles métalliques qui contournent l'accès à l'escalier inesthétiques ; peut-être sont-elles provisoires. Mais surtout, le muret  qui a été élevé au bord de la Brèche me gêne personnellement. C'est une fois de plus l'obsession sécuritaire, le besoin de tout protéger à tout prix qui est à l'évidence à l'origine de cette construction, comme si l'on voulait abolir toute forme de danger de notre existence ! Certes, l'abord de cette brèche était dangereux et une chute dans le vide serait évidemment fatale ; des enfants viennent régulièrement ici, mais il incombe à leurs parents ou à leur encadrement de les surveiller. Il n'y avait jamais eu de muret ou de rambarde à cet endroit jusqu'à maintenant et je n'ai jamais eu connaissance d'un quelconque accident à la Brèche depuis quarante ans que je fréquente asssidûment Sainte-Victoire ! Peut-être est-ce arrivé, mais cela n'a pas dû être très fréquent !

        Le plus embêtant, c'est que du coup la manoeuvre pour poser un rappel dans la Brèche s'en trouve compliquée : il faut commencer par enjamber une barre métallique pour atteindre la chaîne et le mousqueton de rappel puis, une fois assuré, monter sur le muret pour commencer la descente ; la prise du rappel est donc un peu plus délicate. En outre, la corde frotte sur le bord du muret ce qui n'est pas l'idéal ! Bien sûr, tout cela n'est pas très grave mais cela peut tout de même être source de problème, voire d'accident.

       On pourra me rétorquer que lorsque l'escalier d'accès au Jardin des Moines sera mis en service, on n'aura plus besoin de poser de rappel. Certes. Mais l'exercice du rappel est intéressant pour l'entraînement , d'autant que celui-ci est très impressionnant. J'y ai souvent fait descendre des gens - y compris des débutants complets, convenablement assurés - et c'était un excellent moyen de les accoutumer au vide. Les premières inquiétudes passées, ils étaient d'ailleurs ravis d'avoir effectué cette descente vertigineuse et fiers d'avoir surmonté leur peur.

    Mais c'est ainsi, et il faudra s'habituer à cette nouvelle donne.

    Cela étant, lorsque je me suis approché du muret et de la chaîne de rappel, j'ai senti un certain flottement chez mes deux comparses ! Manifestement impressionnées, j'ai clairement compris qu'elles n'envisageaient pas cette descente en rappel avec un enthousiasme délirant et elles m'ont dit encore plus clairement qu'après tout, la descente par le tracé jaune du Pas de la Savonnette leur paraissait tout aussi intéressante !

       J'ai été un peu surpris par ce manque de moral, car Karine fait de l'escalade et Annick, qui fait du canyoning, sait ce que c'est qu'un rappel. Mais dans ce cas-là, je n'insiste jamais trop. Je m'en voudrais trop s'il arrivait quelque chose de fâcheux ayant "forcé la main" aux gens. Et puis, il ne faut jamais contrarier les dames !

     Pour ma part, cela ne me contrarie guère non plus et ne suis point frustré car je ne compte plus le nombre de fois où j'ai posé un rappel dans cette brèche !

     Il était donc dit que j'aurai trimballé pour rien ces 100 m de corde... Tiens, j'aurais dû la leur faire porter à la descente ! Enfin, puisque j'ai dit que ma galanterie me perdrait...

 

     Direction donc : le tracé jaune. Pour atteindre le départ de celui-ci, il faut descendre quelques minutes le "Sentier Imoucha" balisé en bleu et commun au début avec le GR9, puis le quitter au niveau d'un gros cairn pour monter en oblique, cap au sud-ouest, vers le Baou Cézanne, au-dessus de sa face ouest.

     Un cercle jaune d'où part une flèche de même couleur indique clairement le début de la descente. C'est très aérien ; la vue sur le lac de Bimont est magnifique, mais il s'agit d'être vigilant : ce premier passage, bien que très facile, est très exposé. Bref, il faut faire gaffe !

     Ensuite, on se dirige un peu à gauche et la descente, toujours raide et nécessitant souvent l'usage des mains est moins exposée. Nous croisons deux gars et une jeune fille après une petite traversée ; cet itinéraire est le plus souvent parcouru à la montée, car c'est  plus facile. Un peu plus bas, un autre passage est assez délicat ; je m'y prends comme un manche et m'égratigne cruellement les cuisses aux branches agressives d'un cade qui a trouvé le moyen de planter ses racines ici... Mes amies, contournant habilement  l'arbuste, s'en sortent beaucoup mieux, évitant ainsi de déchirer leur pantalon et préservant surtout l'épiderme délicat de leurs jambes !

    Quelques pentes d'éboulis instables, et nous arrivons au passage le plus difficile de cette descente. Il s'agit d'un petit surplomb qui peut être coté III- et qui pose parfois des problèmes à certains à la montée. A la descente, il est franchement malcommode !

   Pour sécuriser ce passage tout de même dangereux, je passe ma corde directement derrière un becquet rocheux et m'en sers sans vergogne pour descendre.

     Mais Annick et Karine, décidées sans doute à m'humilier, négligent superbement cette aide et descendent fort brillamment en désescalade, tout en finesse. Quand je pense qu'elles se sont "dégonflées" pour le rappel dans la Brèche des Moines !....

     A partir de maintenant, les choses deviennent plus faciles. On passe sous le "Puits", sorte d'arche naturelle au-dessus d'un raide couloir, véritable  "entonnoir à cailloux" qui canalise toutes les chutes de pierres venant des éboulis supérieurs : il ne fait pas bon traîner dans le coin ; stationnement interdit !

      Enfin, nous arrivons au Pas de la Savonnette. C'est une dalle verticale, très lisse et patinée, ce qui explique son nom, judicieusement équipée d'une solide chaîne ; sans cette aide, ce serait du bon "V" ! Avec certaines personnes, il est prudent de sortir la corde, car si l'on s'y prend mal, si l'on ne se positionne pas jambes tendues, bien "à l'équerre" sur le rocher, on se "daube" très vite les bras et la glissade entraînerait un atterrissage extrêmement brutal !

     On peut éviter ce passage athlétique par un sentier plus à l'ouest, mais pas de problème pour ce qui nous concerne : là aussi, mes deux compagnes font preuve d'une agilité remarquable.

 

    Maintenant, il n'y a plus aucune difficulté. On peut quitter le baudrier et le casque car on est de retour sur le "plancher des vaches". Bientôt, nous arrivons au refuge Cézanne, désormais fermé à clé. J'ai connu une époque où il était toujours ouvert ; j'y ai même passé il y a une quinzaine d'années une soirée bien agréable avec mes vieux amis d'alors, les traminots de Marseille. Mais des crétins ont dû commettre quelques actes de vandalisme et tout le monde paie les conséquences de leur imbécillité.

    Nous faisons une petite pause près d'une des tables de pierre devant le refuge et un jeune gars vient nous  demander des renseignements sur l'accès au sommet depuis ce refuge. Comme il semble que son camarade et lui ne soient pas des randonneurs très expérimentés, je lui déconseille la montée par le Pas de la Savonnette et le dirige vers celle qui emprunte le tracé rouge par le Pas du Berger ou celui de l'Escalette, d'autant qu'il est déjà quinze heures !

     Je suis souvent très surpris de l'heure tardive à laquelle partent certains, surtout lorsqu'ils ne connaissent pas les lieux. Souvent aussi, il n'ont même pas de carte, parfois ni eau ni provisions. De temps en temps, cela leur joue des tours, et Sainte-Victoire leur rappelle durement qu'elle est tout de même une montagne...

 

    Quelques minutes plus tard, nous sommes de retour à la voiture. Le temps est en train de changer ; demain la pluie est annoncée. L'affaire a été assez rapidement menée et, avant de nous séparer, à Venelles, nous convenons de faire prochainement le sentier Marcel Estruch, à la Sainte-Baume. Ce ne sont pas les projets qui manquent!

 

Fiche technique :

 

Départ : 10 h 17

Sommet : 12 h 30

Arrivée : 16 05

    Horaire : 4 h 45

Dénivellation : 630 m positive

Difficulté : P3, T3

Matériel : Petite corde de 30 m, casque, une sangle et mousqueton

Météo : Beau temps chaud

Participants : Annick, Karine et Marcel

 

Lien photos : http://picasaweb.google.fr/vieuxloup52/

 

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