LE COLLET

Il est neuf heures au col du Festre.

Il fait froid, - 6°, et un âpre petit vent du nord fait ressentir plus durement encore la température.

Chausser les raquettes, s'équiper pour la randonnée projetée prend du temps et lorsque nous nous mettons en route, j'ai les doigts gelés ! Il faut quelques minutes pour qu'ils se réchauffent un peu et mon ami Philippe, qui n'a emporté que de gros gants de laine peu efficaces, a encore plus de mal que moi à leur faire retrouver un peu de chaleur. Mais, tandis que nous nous dirigeons vers l'ouest par des pentes douces, le mouvement nous réchauffe peu à peu. Avant de passer sous le Serre Noir, nous rejoignons un groupe d'une demi-douzaine de personnes. Apparemment, elles ont pour objectif le col des Aiguilles ; nous les dépassons mais, peu de temps après, elles passent à nouveau devant nous et profitons du coup d'une excellente trace.

Nous avons l'intention de gravir la Tête du Jas des Arres et, peut-être, de pousser nous aussi jusqu'au col des Aiguilles, mais il est probable que le vent et le froid nous amènent à nous arrêter au premier objectif !

Il fait beau lorsque nous passons à la hauteur des Bachassous, mais le ciel se couvre rapidement par l'est. Pourtant, la météo était bonne ce matin, mais j'ai l'impression que ce beau temps ne va pas durer.

Et de fait, dès que nous avons dépassé la cabane des Fontaines Froides, le ciel s'est entièrement couvert et il commence à tomber quelques flocons. Tandis que nous gravissons les pentes un peu plus raides sous le col de Darne, la visibilité devient très médiocre, si bien que Philippe manque même de s'embarquer trop à droite, ne parvenant plus à bien distinguer nos traces.

Heureusement, Armelle qui le suit à quelque distance, le remet dans le droit chemin et, lorsque nous passons sous la Tête de Merlant gravie l'an dernier, la visibilité n'est plus que de quelques mètres et le vent a forci sensiblement, nous cinglant le visage avec la neige qu'il soulève, si bien qu'il devient difficile de s'orienter !

Nous voyons alors le groupe qui nous précédait faire demi-tour, renonçant dans ces conditions à poursuivre plus avant. Quant à nous, nous parvenons au Collet, à 20 m de dénivellation sous le sommet de la Tête du Jas des Arres et à environ 150 m de distance sous celui-ci. Là, le vent souffle avec violence et nous y voyons à peine à 5 ou 6 m. Même si l'ascension du sommet ne présente pas de difficulté majeure - il suffit de suivre une clôture pour l'atteindre - nous ne voyons guère d'intérêt à l'entreprendre ! Nous nous contenterons donc de ce Collet, modeste replat séparant la Tête de Merlant de celle du Jas des Arres, à 1920 m d'altitude.

D'ailleurs, le retour n'est pas si commode que cela : il est difficile d'y voir grand chose avec la neige qui nous pique les yeux ; ceux qui portent des lunettes ne sont pas mieux lotis car la buée les aveugle complètement. En outre, notre trace disparaît rapidement sous l'effet du vent et il est heureux que le terrain ne présente pas de pièges particuliers ; il suffit de suivre la direction plein est pour retrouver le col du Festre et, de plus, la trace enregistrée de nos GPS nous donne une certaine tranquillité d'esprit.

Mais jusqu'aux abords de la cabane des Fontaines Froides, la marche est laborieuse ; le froid est vif et ma veste est couverte d'une épaisse couche de neige gelée, plaquée par le vent. Heureusement, celui-ci devient moins violent dès que nous avons dépassé la cabane et, peu à peu, la visibilité est meilleure.

Bientôt, nous apercevons la route du col du Festre et nous rejoignons celle-ci sans encombres. Près du chalet-restaurant nous avisons des tables de pique-nique où, après avoir balayé la neige qui recouvre les bancs, nous décidons de casser la croûte. Nous ne nous atardons guère, cependant, car la température est peu favorable à de longues agapes et, après avoir quitté tout notre matériel aux voitures, nous allons nous réchauffer au chalet-restaurant devant quelques boissons chaudes avant de reprendre la route du retour.

Il nous faudra revenir ici, un de ces jours, notamment pour gravir le Chauvet au départ des Garcins, mais ce secteur du col du Festre nous réserve souvent des surprises météorologiques : c'est un seuil climatique, un peu comme le col de Lus-la-Croix-Haute ou celui du Lautaret et il y a souvent du brouillard et du vent.

Mais, comme le disait un certain Mac Arthur : "Nous reviendrons !"

Fiche technique :

Randonnée à raquettes

Massif du Dévoluy

Distance : 7 km

Altitude départ : 1430 m

Altitude maximale : 1920 m

Dénivellation : 520 m positive cumulée

Difficulté : Facile à raquettes

Matériel : Raquettes, pelles, sondes, ARVA

Carte : IGN au 1:25000 n° 3337 OT

Date du parcours : 25 janvier 2015, dans le cadre des sorties de "La Draio", le Groupe de Montagne de Peyrolles-en-Provence .

Météo : beau temps froid, puis couvert, brouillard, neige et fort vent du nord.

Participants : Armelle, Francine, Jean-Pierre, Philippe, Robert et Marcel.

Période favorable : dès les premières neiges à avril.

Lien photographique :

https://picasaweb.google.com/vieuxloup52/LECOLLET250115#

Départ du col du Festre, le temps était encore beau ; en face, la Tête de Merlant