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28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 09:52

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Initialement, Charles et moi avions prévu de faire aujourd'hui l'Arête du Grand Couloir à Sainte-Victoire. Mais le temps est incertain ce matin ; quelques averses sont même tombées en chemin, alors que je me rendais à notre lieu de rendez-vous au parking de Saint-Ser. Charles, quant à lui, a été pris dans quelques embouteillages en venant de Toulon et il n'est arrivé que peu avant 10 h. Aussi lui ai-je proposé deux voies de remplacement, plus courtes et dont la marche d'approche est également beaucoup moins longue : la Pointe Claire et la Voie du Pitchou, un peu plus dure.

       Charles a finalement choisi de tenter le "Pitchou" et nous partons donc pour cette voie alors que le temps a l'air de s'arranger, un vent d'ouest semblant prendre le dessus et chasser les nuages qui couvrent encore le ciel.

 

       Arrivés dans le secteur où démarre cette voie, un peu à l'ouest de l'accès à la Chapelle de Saint-Ser, j'ai quelques diffficultés à trouver le départ. Jadis, je l'ai escaladée de nombreuses fois, mais le temps a passé - trop vite ! - et je ne reconnais plus grand chose (de retour à la maison, le soir, je me suis rendu compte que la dernière fois que je suis venu ici, en compagnie d'Eric Palomar et de Jean-Pierre Gomez, c'était le 20 février 1988 ! Pas étonnant que mes souvenirs soient un peu estompés, même si je l'avais alors faite 8 fois !).

       Mais j'arrive à repérer le départ de la Voie du Matchou, légèrement à droite et par déduction et grâce à mon vieux topo de 1972, j'en conclus que le départ se trouve bien au milieu d'une sorte de gros rognon avancé au milieu de la paroi. Mais le premier point d'assurage visible est placé fort haut, à une quinzaine de mètres au moins ; je ne me souvenais pas non plus de ce "détail"... Heureusement que nous avons emporté un jeu complet de coinceurs, deux "friends" et des sangles et cordelettes diverses !

 

      Mais Charles confirme le moral élevé qu'il a affiché samedi dernier au Crêt de Saint-Michel et il attaque sans hésiter cette première longueur.

      Sans rajouter un seul point - je trouve d'ailleurs qu'il "expose un peu la viande !" -  il atteint le premier spit, puis franchit le petit ressaut légèrement surplombant qui fait suite, atteint le deuxième point qui se trouve encore une bonne douzaine de mètres au-dessus, effectue un "pas" qui me paraît assez délicat, puis traverse vers la gauche sur du terrain plus facile et fait relais au bout d'une quarantaine de mètres.

      Deux points seulement pour protéger tout ça... Décidément, il a le moral !

     D'autant que lorsque je m'engage à mon tour, je trouve que rien n'est si facile. L'ensemble est coté 4+, mais la cotation me paraît sévère. Le premier pas pour surmonter le rognon détaché m'oppose quelques difficultés et, plus haut, au niveau du second spit, le passage avant la traversée est également assez délicat... J'apprécie à sa juste valeur le "travail" de mon fils dont on ne peut pas dire qu'il ait accumulé les heures de grimpe depuis quelques mois !

 

     Au relais, nous hésitons un moment sur le cheminement à suivre. Je me souviens qu'il faut effectuer une assez longue traversée vers la gauche, mais plus trop à quel niveau exactement, et là aussi, les protections brillent par leur absence...

      En ce qui me concerne, le moral est en berne, et lorsque Charles me dit qu'il est prêt à continuer en tête, j'accueille sa proposition avec reconnaissance !

       Il redémarre donc et gravit quelques mètres verticalement au-dessus du relais et rencontre un vieux clou censé protéger le passage suivant. Là, il commence à traverser à gauche sur du rocher très moyen qui nécessite de se faire très léger ; je lui signale alors que je vois un relais équipé d'une cordelette à une dizaine de mètres sur sa gauche. Je lui suggère de faire relais à cet endroit car la traversée étant légèrement descendante, la corde risque de faire beaucoup de "tirage".

        Il gagne donc le relais en question sans pouvoir ajouter de protection, mais c'est surtout à moi que cela va poser problème car, en second, je serai moins bien asssuré dans une traversée descendante !

     C'est en effet ce que je constate. Il n'y a aucune difficulté majeure (c'est globalement du III), mais le rocher n'inspire pas vraiment confiance et un "vol" dans la traversée m'enverrait directement une dizaine de mètres sous le relais... Autant dire que je suis extrêmement vigilant et concentré sur mon sujet dans ce passage exposé !

       

        Du relais, la suite paraît plus évidente : il faut continuer à traverser un peu vers la gauche pour gravir un couloir terreux dans le haut duquel se trouve un gros chêne où l'on peut visiblement faire un autre très bon relais.

       Charles repart donc et constate que l'on aurait pu faire un relais beaucoup plus confortable trois ou quatre mètres plus à gauche, mais il ne pouvait pas le voir et quant à moi, je ne me souvenais plus de rien. Cette longueur est facile, mais le couloir demande de l'attention car le terrain est assez pourri et la terre qui recouvre le rocher ne garantit pas  pas une adhérence parfaite. Mais là aussi, aucun incident ne vient perturber la progression et au fur et à mesure que je grimpe, des souvenirs me reviennent et me confirment que, grosso modo, nous avons bien suivi le cheminement normal.

 

       La suite se présente sous la forme d'une cheminée d'apparence facile mais on ne voit pas ce qu'il y a au-delà. Charles s'y engage, la surmonte facilement et, lorsqu'il disparaît à ma vue derrière une sorte de petite arête, il me signale qu'il voit bien le pas de sortie dont je lui ai parlé, le seul passage dont je me souvenais clairement, orné de trois vieux pitons. Comme le vent souffle, que nous nous entendons mal, il décide de faire relais au pied de ce passage, l'endroit étant en outre équipé pour cela. Nous aurions pu d'ailleurs faire ce relais directement là, sans nous arrêter au niveau du chêne...

      Sans difficultés particulières, je rejoins Charles, et nous examinons la suite.

 

      Là, Charles me dit qu'il ne "sent" pas très bien ce dernier passage. C'est le plus difficile de la voie, coté 5+, mais que l'on peut franchir en "tire-clou"... ce dont je ne me suis jamais privé jadis ! Mais le passage entre le premier piton et les deux clous de sortie se présente sous la forme d'une dalle compacte qui ne l'inspire guère. Je lui signale donc qu'il est possible d'emprunter une variante plus facile par la gauche, ce qu'il m'est arrivé de faire une ou deux fois.

       Charles démarre donc par une traversée à gauche, place un coinceur et un "friend" dans une fissure derrière une écaille décollée, puis descend légèrement et contourne par l'extérieur un arbuste gênant mais qui permet la pose d'une cordelette de protection. Ce n'est pas du luxe car le terrain semble particulièrement pourri !

          Puis il disparaît à ma vue, et au bout de quelques minutes, je comprends qu'il est sorti. Cela m'est confirmé par le défilement rapide de la corde qu'il avale, et lorsque celle-ci se tend, je m'engage à mon tour dans la dernière longueur.

         La progression demande beaucoup de vigilance, car le rocher est réellement très mauvais et, dans le court passage en descente, je ne suis pas très bien assuré. Je contourne l'arbuste non sans me griffer d'abondance à ses branches agressives, surmonte un dernier petit mur et rejoint Charles qui m'assure "à l'ancienne" car il se trouve sur du terrain plat, broussailleux, au-dessus de l'abrupt où se trouvent les voies. Nous sommes contents, car nous avons tout de même gravi ce "Pitchou" en un peu plus de deux heures ce qui n'est pas si mauvais compte tenu de nos hésitations sur le cheminement et du terrain plus que moyen.

        Je suis d'ailleurs surpris que mon vieux topo mentionne cette voie comme étant en "excellent rocher" ! Je veux bien que nous ayons fait quelques variantes au cheminement normal (à mon avis ce n'est qu'à la sortie que nous avons réellement fait une variante), mais je pense que la dégradation du rocher est dûe à l'incendie de 1989 qui a ravagé Sainte-Victoire et au relatif abandon de ces voies dans les années qui ont suivi.

 

      Cette hypothèse est renforcée par le fait que la voie de descente a quasiment disparu. Il semble qu'à l'heure actuelle on descende de ces voies en rappel. Nous galérons donc pas mal à travers des broussailles, des buissons de salsepareille et autres lianes envahissantes avant de trouver le couloir de descente que je reconnais enfin, un peu à l'ouest de la sortie de la voie, juste à droite de lames de rocher, et qui permet de rejoindre le sentier.

      Ce passage n'est visiblement plus emprunté à l'heure actuelle et j'ai l'impression que la Voie du Pitchou n'est elle-même plus guère parcourue, les grimpeurs modernes préférant généralement s'escrimer sur des voies plus dures mais mieux équipées...

       Finalement, après nous être écorchés vifs aux griffes de la végétation locale, nous atteignons le sentier et décidons de casser la croûte au pied de la "Dalle à Pizza", un secteur-école qui, lui, a été visiblement rééquipé en "rings", mais de manière toujours aussi espacée.

      Comme Charles doit se rendre ce soir à Vacqueyras pour grimper demain aux Dentelles de Montmirail avec Florent, nous en restons là pour la journée et allons la terminer devant deux verres de bière sur la terrasse du bar de la maison de retraite de la Légion Etrangère à Puyloubier. Il y aura bien d'autres journées de grimpe de toutes façons, tant que Dieu daignera m'accorder la santé et un minimum de condition physique !

 

Fiche technique

 

Escalade

Massif : Sainte-Victoire

 

Horaire : 2 h pour la voie (3 h 30 hors-tout)

Dénivellation : 325 m positive cumulée

Longueur de la voie : 70 m (développement vertical), 100 m (longueurs de corde)

Difficulté : D (4 longueurs : 4+, 3, 4-, 5+ (ou 4-, variante de gauche)

Matériel : Corde de 60 m suffisante, casque, 8 dégaines, coinceurs, "friends", sangles et cordelettes indispensables.

Rocher très moyen

Type d'escalade : varié ; dalles, ressauts, cheminées, traversées...

Exposition : sud

Topos : Escalade en Pays d'Aix par D. Gorgeon, P. Légier, E. Palomar, chez "Aztec", ou (mieux) "Guide des Escalades de la Montagne Sainte-Victoire", tome 3, par B. Amy, J-P. Bouquier, C. Cavallera, 1972 (épuisé, hélas !)

 

Période favorable : toute l'année sauf l'été.

 

Date de la sortie : 27 mai 2011

Météo : couvert à nuageux, vent d'ouest nord-ouest peu gênant

Participants : Charles et Marcel

 

Lien photographique : https://picasaweb.google.fr/vieuxloup52/VOIEDUPITCHOU270511#


 

   

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