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30 août 2010 1 30 /08 /août /2010 15:06


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   Rien à voir avec la comtesse du même nom, celle-ci n'ayant pas, à ma connaissance, effectué de traversée comparable à celle qu'effectua Hinterstoisser lors de sa dramatique tentative d'escalade de la face nord de l'Eiger !

Plus simplement, et très modestement, il s'agit du parcours des crêtes situées entre le Cuchon et le Pic Queyrel dans le Champsaur, dont le sommet du Barry est le point culminant. C'est ce parcours que Jean-Pierre avait mis au programme de ce dimanche 29 août.

 

       Ce matin donc peu après huit heures, Richard et moi arrivons au gite-auberge de Molines-en-Champsaur pour rejoindre Colette, Jean-Pierre et Robert venus y passer la nuit. Les copains sont prêts et nous attendaient ; mais comme ils ont dû garer la veille leur voiture 500 m avant le village en raison de l'affluence de visiteurs qu'attire le festival de musique à cette époque, nous avons le temps de boire un café avant de les rejoindre au parking.

       Il fait beau, même un peu frais, et il y a encore quelques traces de givre dans l'herbe ; il est vrai que nous sommes quand même à 1230 m d'altitude. Nous nous équipons rapidement, et à 8 h 35 nous nous mettons en route.

 

       Très vite, nous traversons le large lit de la Muande réduite à un pitoyable filet d'eau; heureusement car je suppose qu'à la fin du printemps il doit arriver que le passage à gué de ce torrent présente un obstacle délicat à franchir ! Puis le chemin longe plus ou moins la rive gauche du cours d'eau, parfois dans son lit même, parfois en bordure de forêt. On arrive ainsi rapidement à un panneau, à la cote 1346, qui nous indique à droite la direction du col du Cendrié. Je suppose que ce nom bizarre ne signifie pas que l'itinéraire est réservé aux fumeurs, mais qu'il désigne plus probablement un endroit ayant été jadis la proie des flammes, ou une zone de brûlis...

       Tout feu tout flamme, donc, nous attaquons les premières pentes dans la forêt !


       Le sentier est assez raide et s'élève rapidement par des lacets serrés. Je me sens en excellente forme malgré le lever très matinal et les deux heures de route et je marche d'un bon pas. Richard a l'air en bonne condition physique également et il me suit d'assez près. Mais sa fougue est sans doute excessive, car appuyant un peu trop vigoureusement sur ses bâtons de marche télescopiques, l'un d'entre eux casse net !

Sa carrière s'achèvera donc dans ce coin perdu du haut Champsaur !...

      La montée se poursuit ainsi à travers des pentes très raides, traversant parfois de petits ravins formés par des torrents temporaires, évitant les ressauts rocheux par un cheminement astucieux et, après avoir remonté un couloir herbeux plus large, nous amorçons une traversée vers la gauche aux abords de la cote 1800.

       Bientôt, nous arrivons dans une zone dégagée d'où l'on peut voir la crête trois cents mètres au-dessus de nous. Nous consultons la carte, l'altimètre et même le GPS de Jean-Pierre car il nous semble que nous ne devrions pas tarder à quitter le chemin horizontal pour gravir les pentes qui donnent accès au col du Cendrié.

       Mais l'examen attentif de la carte nous montre que la bifurcation se trouve un peu plus loin, dans une seconde zone dégagée, après une légère descente. Nous rencontrons un petit troupeau de moutons qui broutaient dans cet endroit assez escarpé et, peu après nous arrivons au niveau de ces fameuses pentes dégagées au niveau du  l'endroit appelé La Banne ("la Corne" en provençal) où nous trouvons un piquet de bois et un cairn marquant le départ du sentier que, manifestement, nous allons devoir suivre.

       Quelques minutes, nous attendons Richard qui s'est arrêté deux ou trois cents mètres avant pour se restaurer un peu puis, lorsqu'il nous rejoint, nous commençons à gravir les dernières pentes qui nous séparent du col. La montée est commode et c'est très rapidement que je débouche sur la crête.

       Le col du Cendrié, à 2170 m d'altitude, offre un panorama magnifique : au sud, tout le Champsaur est visible et la vue est dégagée vers le Pic de Bure, le Pic de Gleize, la Montagne de Charance, Céüse et la Montagne de Lure ;  plus à l'ouest, on voit bien la Montagne de Féraud, le Grand Ferrand et l'Obiou ; au nord, la masse du Vieux Chaillol domine la vallée de la Muande, et à l'est se profile la crête que nous allons parcourir, l'horizon de ce coté-là étant fermé par le Pic Queyrel.

      Là, Richard nous fait part de son peu d'enthousiasme à suivre la crête vers le  sommet du Barry. L'accès à celui-ci est défendu par des passages annoncés comme "aériens", adjectif que notre camarade, peu à l'aise lorsque le  vide se fait un peu trop tangible, associe très vite à "vertigineux" !

       Personnellement je n'insiste jamais trop lorsque des copains "ne se sentent" pas dans ces passages - sauf s'ils sont inévitables, naturellement - car ils sont là avant tout pour passer une bonne journée, pas pour se faire peur. Par ailleurs, s'ils se trouvent en trop grande difficulté, cela peut compromettre la progression, voire la sécurité, de l'ensemble du groupe et conduire à l'échec de la sortie.

       Les autres camarades n'insistent pas trop non plus, et Richard, comme cela avait été d'ailleurs envisagé dès le départ, nous accompagne une centaine de mètres sur la crête puis fait demi-tour ; il redescendra jusqu'au lieu appelé "La Banne" puis viendra à notre rencontre en continuant le chemin qui, en traversée descendante, se dirige vers l'est jusqu'à son intersection avec le  sentier venant du Pas de l'Escalier d'où nous arriverons.

       Il y a fort peu de risques pour lui sur cet itinéraire et nous le laissons donc faire demi-tour sans inquiétude. 


      La crête, jamais difficile, devient cependant de plus en plus étroite et, bientôt, nous arrivons au pied d'un premier passage, marqué de traces rouges, où il nous faut utiliser les mains. Une petite vire terreuse sur le versant nord nous conduit à un passage plus délicat : un petit ressaut rocheux de deux mètres, dominé à droite par un mur légèrement déversant nous oblige à nous employer un peu plus. Cela ne doit être que du "III inf" mais le sac  est assez gênant car le mur déversant nous rejette un peu en arrière et la chute serait dangereuse. Ici, la corde peut servir si l'on se trouve avec des gens peu entraînés à l'escalade, mais, pour notre part, nous n'en avons pas eu besoin et l'obstacle a été rapidement franchi.

      Ensuite, on rejoint le fil de l'arête et l'on atteint très rapidement ce que nous avons cru tout d'abord être le sommet, un autre pointement, légèrement plus à l'est nous ayant semblé un peu plus bas.

 

      Traversant ce premier sommet, nous redescendons facilement jusqu'à une sorte de cuvette encombrée de gros blocs, au pied d'un ressaut rocheux plus raide, où nous avons la surprise de rencontrer un troupeau de chèvres manifestement étonnées elles aussi de nous trouver là !

       Nous sommes un peu perplexes sur la suite du cheminement  : une trace part sur la droite et semble contourner le ressaut suivant par le versant sud, mais nous pensons que cette sente a été formée par le passage d'animaux, chèvres ou autres et ne mènera probablement nulle part.

       Suivi de Jean-Pierre et Robert, je  m'engage alors sur le fil de l'arête formée de blocs rocheux à la stabilité incertaine. Jean-Pierre me fait remarquer qu'il ne voit aucune trace de passage sur les portions terreuses comme cela a été le cas jusqu'ici, puis il me signale qu'un excellent sentier passe manifestement  sur le versant nord et doit contourner ce ressaut. Cela est confirmé par Colette restée un peu en arrière.

       Nous faisons donc demi-tour et nous nous engageons tous les quatre sur ce chemin. Mais très vite, il s'avère que ce sentier descend franchement et, à l'évidence, rejoint directement le Pas de l'Escalier sans passer par le col du même nom comme nous avons l'intention de le faire. Il nous paraît donc plus que probable qu'il faille bel et bien suivre le fil de l'arête comme nous avions commencé à le faire !

     Nous revenons à nouveau sur nos pas et repérons bientôt un passage assez raide mais manifestement facile qui, par une sorte de couloir permet de regagner l'arête en un point qui nous semble proche du sommet.

     Là aussi, il s'agit d'un passage d'escalade très facile - du II tout au plus - mais un peu exposé, dans lequel deux petits arbustes très solides pourraient, le cas échéant, faciliter la pose d'une main-courante ou permettre un assurage efficace. Mais là non plus nous n'avons pas besoin de la corde et, ce passage surmonté sans difficulté, nous débouchons en effet sur l'arête à quelques mètres du sommet du Barry.

    Ce mot, qui s'écrit plus exactement bàrri en provençal, signifie en l'occurence "rempart" et est à rapprocher du mot "barre" ; il convient parfaitement bien à la réalité du terrain !

     Il est midi vingt, l'endroit est confortable et il n'y aura plus désormais aucune difficulté. Nous décidons donc de nous accorder une pause casse-croûte bien méritée !

 

      Puis ayant sacrifié à ce rituel très matérialiste, nous nous remettons en route en direction du col de l'Escalier. Le parcours de la crête devient maintenant une chevauchée facile, amusante sur du rocher solide et très adhérent et, rapidement, nous atteignons le col à 2167 m d'altitude. Ce col, situé au pied du Pic Queyrel, permet le passage entre Molines-en-Champsaur et le hameau des Infournas au-dessus de Saint-Bonnet, ou encore vers la station de Chaillol.

       En ce qui nous concerne, nous allons descendre sur le versant nord pour regagner notre point de départ. J'essaie d'appeler Richard avec mon téléphone portable pour lui signaler notre retour imminent, mais apparement il n'y a pas de réseau dans ce secteur.

       N'importe, nous retrouverons bien notre camarade... même si celui-ci a parfois une fâcheuse tendance à disparaître dans la nature !

 

      Sans trop tarder, nous commençons à descendre et franchissons très vite le Pas de l'Escalier qui permet de franchir facilement un assez important verrou rocheux ; il faut simplement faire attention au rocher parfois glissant, mais le sentier est bien marqué, flanqué de murs de soutènement  en assez bon état et a manifestement servi jadis de chemin muletier.

       Nous perdons rapidement de l'altitude et peu après, nous entrons à nouveau dans la forêt. Au bout de quelques lacets, nous rencontrons une dame toute seule, le bras gauche en écharpe, qui nous semble un peu "paumée"... Elle m'adresse tout de suite la parole mais elle a certaines difficultés d'élocution dont je ne sais si elles sont dûes à une origine étrangère ou à un problème "médical". Nous comprenons tout de même qu'elle cherche la direction de Molines-en-Champsaur et comme nous lui expliquons qu'elle se dirige en fait vers les crêtes et le col de l'Escalier, elle nous dit qu'elle a suivi les indications d'un panneau un peu plus bas ! Mais nous insistons en lui affirmant avec certitude qu'il lui faut faire demi-tour pour redescendre vers Molines et elle se rend à nos exhortations et, alors que nous poursuivons notre descente, je constate qu'elle fait demi-tour et nous emboîte le pas !

       Mais nous avançons beaucoup plus vite qu'elle et nous la perdons rapidement de vue. Plus bas, nous arrivons à la bifurcation avec un autre chemin, appelé "Chemin de Ronde" et celui montant de Molines. Il y a là un panneau indicateur et nous comprenons que notre brave dame, montée sans doute de Molines par le Roy et la Cabane de Suzaire voulait faire une boucle pour retourner à son point de départ par le sentier que nous allons suivre nous-mêmes, mais elle a mal interprété le panneau indicateur - pourtant clair à mon sens  - et a pris la mauvaise direction !

      Et alors que nous allons prendre à gauche le sentier de Molines par les pentes traversant la forêt vers le nord-ouest, nous voyons arriver notre Richard qui a fort bien mené son affaire !

     

      Maintenant, il ne nous reste plus qu'à suivre ce sentier forestier, au demeurant étroit et traversant des pentes particulièrement raides qui, si elles n'étaient pas couvertes par la forêt, seraient assez vertigineuses. Même dans ce cas, il ne s'agit pas de faire un faux pas car la chute serait extrêmement dangereuse ! J'ai d'ailleurs failli moi-même "y aller" par inattention, mon pied ayant malencontreusement glissé au bord d'un à-pic assez considérable... Et plus loin, c'est Colette qui s'est trouvée affalée en travers du sentier après s'être pris "les pieds dans le tapis" et avoir eu quelques difficultés à retrouver la station verticale !

 

      Mais c'est sans autre incident que nous regagnons le lit de la Muande, puis nos véhicules après six heures d'une randonnée très intéressante.

 

      Quant à Richard, il aura pris une dernière fois l'air des Alpes avant de rejoindre dans deux jours son poste d'instituteur en Guyane où l'attendent avec impatience vingt-trois petites têtes pas forcément blondes...

 

Fiche technique :

 

Départ       : 8 h 35

Sommet    : 12 h 20

Arrivée      : 15 h 30

Temps de marche effectif : 6 h

Dénivellation positive       : 1100 m environ

Difficulté    : P2/P3, T2/T3

Météo         : Beau temps

Participants  : Colette, Jean-Pierre, Richard, Robert et Marcel.

 

Lien photographique : http://picasaweb.google.fr/vieuxloup52/

Lien poétique : http://www.a-bras-le-coeur-marcelorengo.com

Moi--sous-le-sommet-du-Barry.JPG

 


 

   


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